Back when famous

Tous ces bouts de texte accumulés finissent par faire style. Trop prudent pour s’adonner à l’aphorisme ou à l’agitprop, David Rybak préfère les formules toutes faites (Après moi le déluge), les lapalissades (Quand tu me lis je suis dans ta tête), les adresses triviales (Ta gueule et admire), les clichés romantiques (Remember me), la fausse réclame (Buy one, get one). Il adopte volontiers l’anglais, langue du commerce et de la pop culture, de la tagline concise et efficace. Ses messages stimulent nos réflexes primaires, nous interpellent à coup de « je », de « tu » et d’impératifs. Ils activent ce que Jakobson appelle la fonction conative du langage, vouée à faire réagir l’interlocuteur, plutôt que ses fonctions descriptives, expressives ou poétiques. Dans quel but ?

David Rybak semble vouloir raviver une relation éteinte entre le spectateur et l’art. Dans un monde où l’image est devenue inoffensive à force d’omniprésence, où tout geste artistique est instantanément récupérée par le marketing et le divertissement, quelles armes reste-t-il à l’artiste ? L’acte du collage, toujours plus libre que l’image et son contenu figé. L’effort de simplicité, qui résiste au piège du perfectionnisme et de la maîtrise technique. L’exercice d’une auto-dérision contre tout esprit de sérieux, sur le fil étroit entre la légèreté et la sincérité. Surtout, la délicatesse qui consiste à laisser ouvert le champ de l’interprétation, à cultiver la multiplicité des niveaux de lecture. A quoi bon proposer au spectateur une œuvre dans laquelle il n’aurait pas la possibilité de prendre parti ?

Paul Calori
cofondateur de la galerie l’œil du vingtième et réalisateur